les légendes
Photo : Marianne Kerguiduff 
Le marais du Quellen à Trébeurden
De Carrec Guen, où l'on entendait souvent le concert des fées et des nains où ils avaient une maison, Ty-ar-C'horriquet, partaient, certaines nuit, des processions mystérieuses se dirigeant vers la chapelle de Bonne Nouvelle.
  (Pierres à légendes de Bretagne - George Guenin - 1936)

Qui pourrait soupçonner que derrière la plage de Goas Treiz s'étend un univers mystérieux ? Au cours du XVIIIe siècle, le Quellen est devenu un véritable marais d'eau douce. Au printemps, il s'anime du chant de nombreux oiseaux en escale sur le chemin de leurs vacances, de nombreux amphibiens viennent s'y reproduire, et surtout il est habité pratiquement toute l'année par des chevaux de race Camargue, mais nés sur le site ou à proximité. Vous pourrez vous retrouver nez à nez avec eux en sillonnant les chemins qui y serpentent.

Photo : Laurent Moquet
L'allée couverte de l'île Milliau à Trébeurden
Par les clairs de lune, les "Naines", appelées ailleurs les "Kornandounezed", obligent à danser tous ceux qui passent auprès du dolmen. Les malheureux ont à le faire avec chacune d'elles et ne doivent s'arrêter que lorsqu'ils sont arrivés à l'endroit même par lequel ils sont rentrés dans la ronde...
Quand le temps ne permet pas les danses, les Kornandounezed obligent l'imprudent à réciter, très vite tous les noms de la semaine, à l'exception toutefois de celui du dimanche, qu'elles ne sauraient entendre. Malheur à celui qui croit devoir l'ajouter, il est tout aussitôt enlevé et ne reparaît plus.

 (Pierres à légendes de Bretagne - George Guenin - 1936)

Petit bijou de la côte de Granit rose, l'île Milliau est accessible uniquement à marée basse. Sur l'île, vous pourrez admirer une allée couverte, une cellule monastique, un corps de ferme dont la première partie date du Moyen Âge, restauré en gîte d'étape.

Photo : Pierre Esnault
L'orpheline de Lannion
On l'aimait bien la petite Perinaïg Mignon.
Une gentille, sage, courageuse.
Orpheline, elle était servante, en la ville de Lannion, à l'auberge du Pélican blanc.
Sa patronne lui tenait lieu de mère.
Elle avait un frère prêtre vicaire.
L'an 1693, deux maltôtiers (agents des contributions) l'assassinèrent parce qu'elle avait repoussé leurs avances.

Son frère conduisit le cortège funèbre. Toute la ville assista à l'enterrement.
Le sénéchal fit arrêter les coupables qui furent condamnés à la pendaison. On fit de cette tragédie une complainte célèbre en pays de Tréguier notamment : " Emzivadez Lanuon " qu'Hersart de la Villemarqué a recueillie dans son Barzaz Breiz.

Photo : Pierre Esnault
Le loup-garou de Lannion
Au XVIIIe siècle, on raconte qu’un loup-garou rôdait à la nuit tombée sur les quais de Lannion. La population en avait très peur, et restait barricadée chez elle une fois le soleil couché.
Un jour, un voyageur s’installa dans une auberge du centre-ville. Après le dîner, se promenant près du Léguer, l’homme vit soudain hurlant au loin un loup-garou, entouré de fantômes. Face à l'étrange bête et de son escorte, le voyageur arme un pistolet, ajuste et tire. Le loup-garou s'écroule tué net.
En approchant, l’étranger se rendit compte que le loup était en fait un homme déguisé. Les fantômes, quant à eux, étaient des hommes cachés en dessous de draps. En interrogeant ces derniers, l’étranger sut que les fantômes et le loup-garou faisaient circuler des produits de contrebande sur le port, et ne souhaitaient pas être dénoncés.

Photo : Laurent Moquet
Les escaliers de Brélévenez à Lannion
La légende dit que l'escalier avait autant de marches que de jours dans l'année !
Sauf qu'avec le temps, les marches se sont affaissées, n'en laissant plus que 142... les marches actuelles !

Brélévenez veut dire « mont joie » ou « colline de la joie » en français. Le nom de Montjoie se rattache aux chevaliers de l'ordre de Montjoie, proches des Templiers, qui ont fait construire l'église au XIIème siècle.
Des Templiers qui avaient là leur commanderie et dont on a découvert en 1845 les sépultures, dans la sacristie !

Photo : Pierre Esnault
La baie de la Vierge à Ploulec'h
Efflam serait le fils d'un roi irlandais. Né en 448, marié très jeune à Enora, princesse galloise, il fait vœu de chasteté. Un ange l'aide à résister à la tentation, et il s'enfuit en Armorique la nuit même de ses noces débarquant dans le Trégor.
Enora, partie à sa recherche, vit son esquif de cuir s'échouer dans la baie de la Vierge, retenu par les pierres qui en fermaient l'entrée à marée descendante.
Elle rejoignit son mari qui lui aménageat une cabane à proximité de son ermitage et ils menèrent une vie consacrée à la contemplation et à l'évangélisation. La légende dit qu’ils moururent exactement au même moment.
Un monastère fut dès lors fondé au Yaudet. Il n'y subsistera que du Véme au VIIIéme siècle et fut sans doute à l'origine d'une légende qui voulait que le Yaudet fut le premier évêché, éphémère, du Trégor.

Photo : Frédéric Chaume
La chapelle de Notre Dame du Yaudet à Ploulec'h
Sur ce site chargé d'histoire, la chapelle semble émerger de notre passé. Une des premières églises de Bretagne, pôle de sacralité, les divinités des déesses-mères s'y sont succédées pour aboutir à la Vierge Couchée.
 La chapelle originale remonte aux premiers siècles lorsque la première évangélisation venue d'outre-manche remplaça progressivement le culte romain qui lui-même s'était superposé aux croyances celtes. C'est dans cette succession de cultes et de croyances que se trouve la clé de cet énigmatique symbole qu'est la Vierge Couchée de Notre Dame du Yaudet : Cybèle, divinité Phrygienne adoptée par les grecs et les romains, Isis, mythe égyptien privilégié à Rome comme source du culte marial, ou Dana, symbole de la fertilité et de l’abondance ?
"Divinité de la fertilité, divinité de la fécondité, divinité protectrice, elles semblent toutes contenues aujourd'hui dans cette vénération à Notre Dame du Yaudet présente dans le rétable et célébrée aux pardons par les trois statues de procession". (
"La Balade du Yaudet" édité par l'association Bugale Kohz Yeodet)
Photo : Marylène Jouan
La Roche Branlante au Yaudet
"Au Yaudet, une roche branlante servait, dans les premières années du XIXe siècle, à prouver la vertu des filles. On l'appelait la "Roche aux Vierges". (Pierres à légendes de Bretagne - George Guenin - 1936)
La Roche Branlante est impressionnante par sa taille et par la crainte qu'inspire son équilibre incertain.

Avec des roches formées il y a plusieurs centaines de milliers d'années, modelées par l'érosion et l'altération au cours du temps, les paysages géologiques sont les premiers à offrir une variété de formes parfois très évocatrices.

Photo : Jean-François Bars
L'Ankou de Ploumilliau
L'Ankou ne représente pas la mort en elle-même, mais son serviteur : son rôle est de collecter les âmes des défunts, remplissant ainsi un rôle de « passeur d'âmes ».
On dit aussi que celui qui aperçoit l'Ankou meurt dans l'année. 

Si l'Ankou est considéré comme étant le dernier mort du mois de décembre, on rapporte parfois que le premier mort de l'année devient son domestique (komis an Ankou : "le commis de l'Ankou" en breton) pour l'aider dans sa tâche. 
Voici comment le décrit Anatole Le Braz dans son recueil de légendes "La Légende de la Mort" : 

« L'Ankou est l'ouvrier de la mort (oberour ar marv). Le dernier mort de l'année, dans chaque paroisse, devient l'Ankou de cette paroisse pour l'année suivante. Quand il y a eu, dans l'année, plus de décès que d'habitude, on dit en parlant de l'Ankou en fonction : War ma fé, eman zo un Ankou drouk (Sur ma foi, celui-ci est un Ankou méchant). »
A Ploumilliau, l’Ankou présent dans l'église, porte les attributs de deux de ses fonctions principales, la faux et la pelle, il est ici à la fois meurtrier et fossoyeur. Surnommé Erwanig Plouillio, c’est-à-dire petit Yves de Ploumilliau, son squelette décharné a donné lieu à un dicton bien connu en Trégor : Treut evel Ankou Plouillio, maigre comme l’Ankou de Ploumilliau.

Photo : Yvon Rougnant
Le lièvre du château de Tonquédec
A Tonquédec, on raconte qu’un lièvre gigantesque, énorme, comme on en vit jamais de pareil de mémoire d’homme, se promène souvent au milieu des ruines. Les chiens s’arrêtent à sa vue, le plomb meurtrier ne saurait l’atteindre, et si on le poursuit il ne s’enfuit pas mais se retire lentement et disparaît tout d’un coup comme par magie.
On le voit surtout les jours de lune argentée quand les onze tours blanchissent rendant l’atmosphère romantique et mystérieuse.

Tous les châteaux en ruine ont leur lièvre enchanté. Ces lièvres sont les âmes d'anciens seigneurs qui font pénitence sous cette forme. Parce qu'ils faisaient trembler tout le monde de leur vivant, ils ont été condamnés à devenir les plus peureux des animaux après leur mort. Ils ne sont délivrés que lorsqu'ils ont reçus de la part des chasseurs, autant de coups de fusils qu'ils en ont tirés ou fait tirer eux même sur les pauvres gens qui étaient autrefois sous leur dépendance. 
Le plomb les traverse de part en part sans les tuer et sans qu'il ne se répande une goutte de sang : mais ils ne souffrent pas moins le même mal que s'ils mouraient à chaque fois.

Photo : Monique Clavaud
Le Léguer à Ploubezre
Le Léguer trace son sillon dans une vallée encaissée qui offre une alternance de zones rapides et plus lentes.
Depuis l'arasement du barrage de Kernansquillec, l'abaissement ou l'aménagement de déversoirs, ainsi que l'ensemble des actions de préservation de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques, la rivière a retrouvé un fonctionnement plus naturel.
Les saumons peuvent désormais retrouver, chaque hiver, leurs zones de frayères à l'amont du bassin versant. Le Léguer et le Guic, son principal affluent, ont même obtenu le label "Site Rivières Sauvages" en 2017 !

Photo : Marylène Jouan
La fontaine de Kerrivoalan à Tonquédec 
La multitude de fontaines guérisseuses qui parsèment nos campagnes rattachent la Bretagne à son passé celtique le plus ancien. Les druides, maîtres de l’eau et du feu prononçaient des paroles magiques qui rendaient l’eau des fontaines capable de guérir les maladies, de féconder ou de prévoir. Le clergé chrétien, pour faire oublier cette origine, donna aux fontaines des protecteurs, saints vénérés dans la chrétienté toute entière, ou bien moines venus au VIème et au VIIème siècle christianiser notre Armorique.
Photo : Pierre Esnault
Le moulin du Losser à Ploubezre 
Le moulin sort de la brume dans la quiétude du petit matin.
Dans la Vallée du Léguer comme partout en Bretagne, l’eau de la rivière a toujours été un bien précieux et une source d’énergie pour l’activité économique. Quelques 155 moulins, recensés en 1886, jalonnaient les rives du fleuve par le passé. Les dizaines de moulins encore debout, en bon état ou dégradés, situés le long de son cours et de celui du Guic, ont servi les siècles passés à moudre le grain, fouler les draps, tanner les peaux, teiller le lin, et faire le papier.

Photo : Samuel Jouon
Le lit de Saint-Idunet à Pluzunet
Ce rocher plat et triangulaire,.. légèrement creusé, serait le lit commun à Saint-Idunet et à sa soeur Dunwel.
Les mères de famille qui ont des enfants faibles vont les rouler dans le lit de Saint-Idunet et les y fouetter avec un balai de genêt, dont elles se servent ensuite pour balayer la pierre. Elles sont convaincues que les enfants ainsi traités ne tardent pas à prendre des forces pour marcher seuls. 
Lorsque l'enfant qui tarde à marcher est assis dans le lit de Saint Idunet, on l'y maintient de force, tant que dure l'oraison. 
On puise alors de l'eau dans le creux de sa main, on l'en arrose trois fois, puis on lui frictionne les reins et l'on fait tomber trois gouttes sur le sol environnant.
(Pierres à légendes de la Bretagne. George Guénin - 1936)

Photo : Samuel Jouon
Le Léguer au Vieux-Marché
"Léguer : beauté ! Léguer : plaisir ! Léguer : richesse !
Que de moulins as tu fait tourner : moulins à farine, moulins à lin, moulins à papier.
Combien de famille vivaient grâce à la force de tes eaux claires ? 
 
Leguer, ruban de velours noir !
Léguer berceau de rêves !
Léguer qui serpente entre les collines de l’Argoat jusqu’à la mer.
..."
Al leger - Anjela Duval (traduction - http://www.tresor-breton.bzh)


Anjela Duval, célèbre poétesse du Trégor, a passé sa vie à Traoñ an dour dans la commune du Vieux-Marché. Pendant le jour, elle cultive la terre de sa petite ferme, et, le soir, sort ses cahiers et écrit des poèmes, devenus parmi les plus aimés de la langue bretonne. Ses poèmes révèlent son amour lucide de la nature, sa rage contre le déclin organisé du breton, ses angoisses, son humour. Elle évoque plusieurs fois avec beaucoup de sensibilité, le Léguer, le fleuve côtier qui irrigue le Trégor, la rivière de son enfance.

Photo : Joseph Le Grand
Le Léguer à Tonquédec 
A l'automne, le Léguer s'embrase de mille couleurs. Moment magique avant d'entrer dans les mois "noirs" : Miz-du (novembre) le Mois Noir et Miz-kerzu (décembre), le Mois Très Noir.
C'est à la Toussaint que le monde des morts et celui des vivants entraient en communication. Les frontières entre les deux mondes se faisaient ténues favorisant le passage des esprits dans le monde des vivants ; les défunts sortaient de leurs tombes. On plaçait de la nourriture pour honorer les âmes, mais aussi pour s’assurer d’être bénit afin de passer un bon hiver.

Photo : Laurent Moquet
Crec'h an Hu à Plouaret
Ce chêne, tirant sa puissance du chaos granitique, semble implorer le monde invisible et spirituel. Cet amas rocheux appelé, à tort "dolmen" en raison de sa ressemblance avec un monument mégalithique, est composé de trois pierres. Il porte les traces d'un pressoir à pomme datant du moyen-âge.

L'homme a occupé cette terre depuis très longtemps. Dans la région les fouilles ont mis à jour quelques caves datant de l'âge de bronze. Ici comme ailleurs, on a aussi trouvé plusieurs haches de pierre.

Photo : René Gaudier
Le cavalier à l'anguipède de Plouaret
Le cavalier à l'anguipède représente un groupe sculptural de l'époque gallo-romaine, typique du panthéon gaulois, figurant un étrange guerrier divin (également assimilable au dieu Taranis), dressé sur son cheval cabré qui foule sous ses sabots un anguipède, être mythologique mi-homme, mi-serpent, géant difforme dont les jambes, atrophiées, se finissent en queue de poisson ou de serpent.
photo : Marianne Kerguiduff
Le cheval du diable à Plouaret 
"Une nuit de janvier, (...) il faisait un beau clair de lune. Fañch devait passer par le chemin creux du Melchonneg, qui avait la réputation d'être hanté par de méchants lutins, et même par le diable (...). Vers le milieu, à l'endroit le plus resserré, Fañch remarqua quelque chose de noir, qui barrait le passage. (...) il avança et reconnut bientôt que c'était un cheval, un beau cheval noir. (...) Fañch voulut passer outre ; mais le cheval barrait toujours le passage et refusait de le laisser libre. (...) Plus de dix fois il tenta la même épreuve, et toujours le cheval se trouvait devant lui et l'empêchait de passer. Enfin il entendit trois heures sonner au clocher de Plouaret, il fit le signe de la croix, et le cheval disparut, au triple galop, faisant feu des quatre pieds et des naseaux.
Fañch put alors rentrer chez lui, où il arriva tout bouleversé et tremblant de fièvre (...).
Et à partir de ce jour, il changea de conduite, se rangea et cessa d'aller courir la nuit.
Je l'ai entendu lui-même ce qui lui était arrivé, et il pensait que ce cheval était le cheval du diable."


François-Marie Luzel né à Plouaret est un folkloriste breton, et également un poète en langue bretonne.
Il réalisa au XIXème siècle un très important travail de collectage de contes et légendes de Bretagne (plus de 1000 chansons tout au long de sa vie, plus de 400 contes).

Un circuit de chemins creux, fontaines et lavoirs à Plouaret permet de replonger dans l'univers des contes du coeur du Trégor !

Photo : Samuel Jouon
Le hêtre de Kervinihy
Dans la culture celtique, il permet de communiquer avec les ancêtres.
Ce hêtre magnifique, à l’allure imposante, un peu tumultueuse avec ses branches sinueuses présente la particularité d’avoir une écorce zébrée d’initiales, de dates, de cœurs entrecroisés parfois transpercés par les flèches de Cupidon.  Ce tronc, scarifié par des amoureux, lui apporte un certain romantisme.
Il possède également, un empattement racinaire impressionnant qui suit un ancien talus. 

Situé sur un point haut, initialement non boisé, il aurait servi d'amer aux pêcheurs de Locquémeau, situé à une quinzaine de kilomètres. Plus vraisemblablement, il a servi de repère dans la campagne trégorroise, car il est situé sur une des hauteurs du Vieux Marché à 135 m. Le site alentour était autrefois un bien d'église et un lieu d'asile pour ceux qui fuyaient la justice seigneuriale. Son âge est estimé entre 150 et 200 ans.

Photo :  Yvon Rougnant
La chapelle des Sept-Saints au Vieux-Marché
La chapelle des Sept-Saints est l'unique témoin en France du culte des Sept Saints Dormants d'Ephèse.
Les Sept Dormants d’Éphèse sont des saints chrétiens qui, selon la tradition, auraient été persécutés en 250 de notre ère. Leur sainteté tient au sommeil miraculeux qui les aurait maintenus endormis au creux d’une caverne jusqu’au Ve siècle.
Sous le règne de l’empereur romain Dèce, le culte civique rendu à sa personne devient obligatoire. Les chrétiens sont alors vus comme une menace. Selon la légende, sept officiers originaires d’Ephèse refusent d’abjurer leur foi pour satisfaire au culte impérial. Dans leur fuite, ils se réfugient dans une caverne du mont Célion. Pendant leur sommeil, l’empereur les fait emmurer vivants. Plus d’un siècle plus tard, sous le règne de Théodose II, la grotte est réouverte et on y trouve les sept hommes réveillés et en pleine forme. (source http://enenvor.fr)
Depuis près de 70 ans, chrétiens, musulmans, athées, se retrouvent chaque année dans cette chapelle, en partie édifiée sur un dolmen, tous unis dans un message de paix, autour d'une histoire commune.

Photo : Pierre Esnault
Une croix naïve à Trégrom
Des milliers de croix sont érigées dans la campagne bretonne, le long des chemins, aux carrefours, dans les cimetières ou, comme ici au bord du Léguer. La sculpture de ces croix est populaire, souvent rustique et naïve, pouvant être réalisée, non par des scultpteurs de profession, mais par des artisans locaux, simples tailleurs de pierre où la bonne volonté remplace le savoir.
Ces monuments ne sont pas seulement des symboles religieux, ils racontent des histoires et font partie de la mémoire, de l'identité de la région.

Si vous croisez l'une de ces croix menacées d'oubli, vous pouvez la signaler et participer ainsi au projet de recensement des croix et calvaires de Bretagne afin de contribuer à la sauvegarde de ce précieux patrimoine.

Photo :  Yvon Rougnant
Le Pont-Bihan de Trégrom
Ce pont de pierre dénommé à tort "pont romain" date en réalité de la fin du Moyen-Age ou du XVIème siècle. Il fut redécouvert enseveli sous des broussailles il y a une cinquantaine d'années.
Il permettait de franchir le ruisseau du Frout qui se jette dans le Léguer en aval immédiat de "Milin Cleuziou" (Moulin de Cleuziou) et desservait le Moulin du Saint.

Photo : Jean-François Bars
Les menhirs de Pergat à Louargat
Si le visiteur met le dos contre le grand menhir en regardant le petit menhir, il y a création autour de soi d’un champ de lignes de force et ses cheveux vont se dresser sur la tête !

En granite et datant de 5000 ans avant Jésus-Christ, avec ses 7,60 m de haut c’est un des plus élevés d’Europe (4ème). Sur ce site se dresse également un menhir plus modeste de 2 m.

Bien qu'érigés bien avant l'arrivée des celtes (et des gaulois !), les menhirs et dolmens ont largement inspiré les contes et mythes de Bretagne.

Photo : Gilbert Cloâtre
Le Menez-Bré à Louargat
La première chapelle daterait du VIe siècle et son occupant n’était autre que saint Hervé. 
Barde et exorciste, il y accomplit un miracle. Alors que les évêques d’Armorique se réunissaient pour juger le prince Konomor, «un débauché qui trucidait ses épouses», l’évêque du Léon, fut en retard. En effet, souhaitant être accompagné d'Hervé, aveugle de naissance, ils ne purent marcher bien vite. Un prélat se moqua d'Hervé et en perdit la vue. Hervé le guérit en faisant jaillir une source.
Le porche de la chapelle, plus ancien que la chapelle actuelle, fut, dit-on, l'œuvre du diable et oublié le jour de la bénédiction, par  "une distraction du clergé ou par l'effet de quelque tour de sorcellerie qui le rendait invisible... Nul moyen désormais de l'en déloger, car tout travail, même infernal, mérite salaire."
(Contes de l'Armor et de l'Argoat" - Charles le Goffic)

Photo : Laurent Moquet
Le rocher de la Pie à Louargat
Le rocher de la Pie fait face au rocher du Corbeau de l'autre coté du Léguer.
La légende dit qu'il y a très longtemps, deux personnages importants de la communauté se rendaient chaque année sur ce site. Gwenlam, l'ermite druide de Belle-Isle, s'installait sur le rocher de la pie, et le chevalier du Cap, seigneur du coin, sur celui du corbeau. Ensemble, ils établissaient la loi de la forêt de Coat Noz pour une année. Ces règles étaient importantes car elles fixaient des quotas sur le nombre de gibier prélevé dans la forêt ainsi que le poisson pêché dans le Guic. Elles réglaient également le prélèvement des plantes et la coupe des arbres, en général tout ce qui touchait la forêt.

Photo : Marylène Jouan
Le chevalier du Cap à Belle-Isle-en-Terre
Cette forêt de légendes est le royaume des sortilèges. « La Forêt de la Nuit » n'est que sortilèges et maléfices, comme pour mieux se protéger des intrus…

Le Cap est un chaos rocheux tout en haut, à 264 m d'altitude.
Pas question de traîner si le crépuscule est proche. Vous pourriez croiser le fantôme du « Chevalier du Cap », qui apparaît, une fois l'an, sur son cheval au galop et troue la nuit de son épée flamboyante. Celui qui aurait la "chance" de le croiser hériterait d'un "bonheur éternel"... ou périrait la tête tranchée.

Là encore, un endroit curieux et plein de vibrations. Un drôle de paysage avec sa buxeraie de 40 ha sous une légion de hêtres. Étrange de trouver tout ce buis, essence méditerranéenne, en ces lieux ! Sans doute un souvenir des Romains qui aurait prospéré, protégé du gel par les hêtres et enrichi par un sol volcanique, riche en calcium et magnésium.

photo : Marianne Kerguiduff
Le chemin des Forges à Belle-Isle-en-Terre
Entre Belle-Isle-en-Terre et Loc-Envel, subsiste un lieu hors du temps : la forêt domaniale de Coat-an-Noz. Aujourd’hui, la forêt domaniale de Coat-an-Noz fait 795 hectares. Mais Coat an Noz, en 1730, s'étalait fièrement sur 2.300 ha et ne faisait qu'une avec Coat an Hay. Jusqu'à ce que l'homme ne la défriche et ne la brûle pour nourrir ses hauts fourneaux et ses forges.
Cette forêt bénéficiait de quatre éléments indispensables à l’activité sidérurgique : l’eau, le minerai bien sûr, du charbon de bois et de la main-d’œuvre. Mineurs, bûcherons, charbonniers, débardeurs, marteleurs… Tous formaient une véritable chaîne de travail pour extraire le minerai de fer, le faire fondre, le transformer puis le transporter hors de la forêt.
À leur apogée, les forges de Coat-an-Noz ont extrait jusqu’à 3,8 tonnes de fer par an et 300 personnes y ont travaillé.
Coat an Noz était en effet un très bon gisement de fer et le port de Brest avait alors besoin de boulets de canons.
Vers 1850, tout s'arrête. Mais les témoignages du passé sont toujours présents : forges, logements, étangs et cette omniprésence d'eau rouillée.
photo : Jean-François Bars
L'étang des forges à Belle-Isle-en-Terre
C'est dans la période de 1730 à 1850, traversée par la révolution et les soulèvements, que les faux monnayeurs produisirent quantité de pièces. Le procédé utilisé était variable mais tout partait d'un moule fabriqué en glaise séchée, en bois (buis ou houx), ou tout simplement en plâtre. Le cuivre était utilisé pour la petite monnaie, tandis que le plomb ou l'étain ou bien les deux mélangés servait à la falsification de la monnaie d'argent.

Ce qui, à l'époque, déclencha le plus grand et plus long procès, à tel point qu'il fut déclaré « cas de criminalité collective nationale ».
Ce procès durera une éternité puisque personne n'osait pénétrer dans cette forêt. La police ne put que retrouver les personnes écoulant la fausse monnaie, les faux monnayeurs ne furent jamais pris et les forges s'arrêtèrent de fonctionner en 1850.

L'intendant qui s'occupait de la direction de l'entreprise s'était mis dans la tête de racheter les forges et la mine, sa fortune le lui permettant. Pour ce faire, il fit croire au roi que les filons étaient épuisés. En agissant de la sorte pendant un certain temps, il éloigna tout soupçon et le gouvernement fit cesser les travaux. Il se proposa de racheter la mine et les forges, mais le roi lui répondit que si la mine était épuisée pour l'État, elle l'était également pour les particuliers.
photo : Laurent Moquet
Le Guic à Plounévez-Moëdec
Saint-Envel et sa soeur Yuna viennent d'Angleterre au VIème siècle afin de christianiser la région. Envel et sa soeur Yuna élevèrent leur ermitage : Envel, à Loc Envel au sud du Guic et Yuna au nord du Guic. La rivière séparait ainsi Yuna et son frère Envel.
Or, ils avaient fait voeu par esprit de pénitence, pour s'entretenir et prier ensemble de ne jamais la franchir. Et au lendemain des grandes pluies d'orage, le torrent grossi roulait avec un tel fracas que le frère et la soeur ne pouvaient s'entendre de l'une à l'autre rive. Alors Envel dit au torrent:
 Tao, tao dour mik, ma kévi kloc'h ma c'hoarik
(tais-toi petite eau, que j'entende la cloche de ma soeurette).

Et depuis lors, même au temps des déluges d'automne, le Guic roule sans bruit sur son lit de cailloux.

Envel est invoqué pour protéger les bestiaux de la maladie et des loups et les blés des corbeaux.

photo : Gilbert Cloâtre
Le bourg de Loc-Envel
"la Bretagne est avant toute chose le pays de la Mort. Les morts y vivent avec les vivants dans une étroite intimité, ils sont mêlés à leur vie de toutes les heures ; les âmes ne restent point enfermées dans les tombes des cimetières ; elles errent la nuit par les grandes routes et les sentiers déserts ; ... génies protecteurs du foyer, elles viennent, par la permission de la Vierge et de Dieu, veiller sur ceux qu’elles ont laissés derrière elles, en proie à tous les dangers et à toutes les embûches de la vie.
...
le cimetière est comme un prolongement du foyer ; on y va, si j’ose dire, causer avec les siens. ... En Bretagne, il semble que ceux qui sont partis ne soient point partis tout à fait, qu’ils soient encore là tout près, qu’ils aient seulement changé de demeure, qu’ils habitent le cimetière au lieu de la maison."
A. Le Braz - La légende de la Mort en Basse-Bretagne

photo : Bernard Loyer
L'église de Loc-Envel
Dans la forêt de Coat an Noz vivait vers 800 un seigneur nommé Gonver qui s'était mis en tête de capturer un vieux loup très malin, plus malin que lui d'ailleurs. Deux ans s'étaient écoulés et toujours pas de loup en vue.
Un jour, il entend dire dans un village voisin, qu'un moine défrichait la forêt pour construire un ermitage qui porterait son nom. Selon les rumeurs ce moine était irlandais et se nommait Envel.
Gonver, furieux, se demanda de quel droit un ermite défrichait sa forêt et dérangeait son gibier. Il se dit alors :
"Ce n'est pas un petit ermite, irlandais de surcroît, qui va imposer sa loi dans ma forêt."
Gonver décide alors d'aller trouver Envel. Il arrive dans une clairière et, oh stupéfaction, découvre le vieux loup qui traîne une herse et obéit au doigt et à l'œil de l'ermite. Gonver, ébahi, tombe à genoux devant Envel et lui dit : "Désormais je serai ton serviteur."
Pourquoi le loup était ainsi au service de l'ermite ? Pendant que l'ermite s'était absenté, le loup avait mangé son âne. Pour le punir Envel l'obligea à tirer la charrue à la place de l'âne.

Plusieurs gargouilles et crossettes sont visibles tout autour de l'église de Loc-Envel. Gardiennes du Bien, elles rejettent les eaux souillées loin du monument. Leur aspect terrifiant, leurs grimaces et leur férocité avaient pour but d’effrayer le Mal.
Photo : Samuel Jouon
Le Lan Scalon à Loc-Envel
C'est pour rejoindre ce lieu plein de mystères que, tous les ans à l'automne, le saumon remonte le Léguer, son affluent le Guic et le Lan Scalon, lui-même affluent du Guic.

Après plusieurs années passées dans les eaux salées, il quitte l’océan pour rejoindre sa rivière afin de se reproduire. Son instinct le pousse à rejoindre l’endroit où il est sorti de l’œuf, bien que l'on ne sache pas totalement comment il arrive à retrouver son cours d'eau de naissance. Pour ce faire, il doit migrer contre des courants importants et, peut, localement se servir des « contre-courants » qui se forment le long des berges ou contre le fond du cours d'eau pour avancer avec moins d'efforts et se reposer. Lors d'un obstacle important, il peut prendre de l'élan et bondir hors de l'eau pour mieux le franchir.

photo : Marianne Kerguiduff
La lanterne des morts à Loguivy-Plougras
Le feu accompagne les cérémonies funéraires probablement depuis que l´homme a pris conscience de la mort et offre une sépulture aux défunts. Le feu guide l'âme, l´aide à trouver le chemin des cieux. Les lanternes des morts peuvent dériver des feux rituels préhistoriques allumés en dehors de la tombe pour que "l´âme du défunt, qui a besoin de chaleur, vienne s´y réchauffer".

La lanterne des morts de Loguivy-Plougras semblerait être la plus récente de France, construite après la Contre-Réforme. Elle daterait du XVIIème siècle et est intégrée dans la maçonnerie de l'enclos réalisé en 1898.
La lanterne était aussi allumée le jour de la fête des morts et à la Toussaint. 

photo : Jean-François Bars
Le buis de Plougonver
Les Gaulois considéraient déjà le buis comme un symbole de l’éternité. Aujourd’hui encore, en Bretagne, dans certaines familles, on conserve un rameau de buis toute sa vie dans une armoire et un enfant le dépose sur le cercueil lors de l’enterrement en signe de bénédiction. Le buis c’est la vie, la mort, et puis la vie : la vie éternelle.
 
Il est rare que cet arbrisseau, d'origine méditerranéenne, se rapproche à ce point d'une forme d'arbre. Ses dimensions et son âge en font l’un des arbustes les plus remarquables de Bretagne. Il est âgé de 400 ans, mesure 7 mètres de haut et à une circonférence de 1,7 mètre.

photo : Jean-François Bars
Le châtaignier de Bourgerel à Plougonver
Chez les Celtes, le châtaignier était considéré comme le gardien des hommes et des bêtes jusqu’à l’année nouvelle. 
Ses racines noueuses en ont fait un symbole de virilité. La châtaigne est longtemps passée pour un aphrodisiaque.

Une source coule à son pied, et il fait partie des plus gros châtaigniers du département.
Sa hauteur est d’environ 12 m, la circonférence à 1.30 m est de 7.50 m. Un ancien du village raconte qu’il fut planté à la Révolution !

photo : Laurent Moquet
Le moulin de Coatgoureden à Bulat-Pestivien
Coat Gouredenn, « le bois toujours mouillé » en breton, accueillait autrefois une des trois plus grandes seigneuries du territoire, avec celles de Pestivien et de Bodilio.

Le moulin de Coatgoureden, datant du XIV ou XVème siècle, dernier vestige de la seigneurie de ce nom, rappelle le lien obligé des paysans envers leur seigneur foncier. Chacun était assujetti à moudre son grain au moulin de la seigneurie, moyennant une quote part imposée de 1/12 du poids de farine. 

photo : Laurence Lahache
L’étang de Coatgoureden à Bulat-Pestivien 
À Bulat-Pestivien, l'eau naît au pied des boules de granite, au creux des vallons et dans la brume mystérieuse des étangs...  Penn Stivien signifie d'ailleurs la tête des sources.
La commune est située au cœur de la montagne, dans un secteur où naissent le Blavet qui coule vers l’Océan, l'Hyère affluent de l’Aulne qui se dirige vers la rade de Brest, le Léguer qui s’en va vers la Manche, et qui forme le plus remarquable centre de dispersion des eaux de la Basse-Bretagne. 
 
Les étangs faisaient autrefois office de viviers des seigneuries ; ils possèdent aujourd'hui plutôt des rôles récréatifs et paysagers.

photo : Samuel Jouon
Granite et bocage à Bulat-Pestivien 
La nature puissante et sauvage de ces lieux a engendré quelques figures pittoresques de brigands dont l'un des plus célèbres fut le fameux Jérôme Gaudu qui rançonnait les marchands (sauf ceux de Bulat-Pestivien) se rendant à la foire de Rostrenen.
Les lieux ont aussi gardé mémoire de l'occupation au XIVème siècle pendant 9 ans du château de Pestivien par un capitaine anglais Roger David. Neuf ans pendant lesquels, les soldats parcouraient les routes et les champs, pillant les blés et les herbages, pressurant les paysans, razziant leurs troupeaux et leurs grains, rançonnant les voyageurs, semant partout, à sept lieues à la ronde, la terreur et l’épouvante.

Un château s’élève dans les bois de Maël. Son puits est rempli d’ossements. Quiconque y rentre n’en ressort plus. 
A travers la terre des Anglais, chevauchait Yann de Pontorson. Demandant l’hospitalité, il fut reçu. Au moment de se coucher, Biganna la servante soupire et l’avertit qu’il sera tué dans la nuit. ...
Ils vont tous deux à Guingamp demander aide au seigneur Guesclin et qu’il réprime les Anglais de Pestivien. ...
Au premier assaut, les murailles tombèrent. Au second, les tours s’écroulèrent. Au troisième, le château est pris. 
« Jean l’Anglais ne vaincra pas en Bretagne tant que seront debout les rochers de Maël ».
("Gwaz Aotrou Gwesklen / Le vassal de Du Guesclin - Barzaz Breiz publié en 1839 par Hersart de la Villemarqué)

photo : Yvon Rougnant
L'église de Bulat-Pestivien
Les seigneurs de Pestivien, désespérés de n'avoir pas d'enfant, firent un vœu : si un descendant leur venait, ils construiraient un oratoire sur le promontoire qu'est devenu Bulat et, l'enfant étant né, c'est ce qu'ils firent.
L'oratoire qui a connu de nombreuses extensions est devenu l'église actuelle et sa flèche, une dentelle de pierre, la plus haute des Côtes d’Armor, culmine à 66 mètres.
La localité est un lieu de pèlerinage toujours très fréquenté

Une jeune femme nommée Françoise Le Nové avait maudit le marin qui l’avait rendue mère sans l’épouser. Le bateau de celui-ci sombra. L’homme sur le point d’être noyé implora la vierge : 
«Oui j’irai chercher ma grâce à Bulat.
A pied, oui nu-pieds, et la tête nue,
et sur mes genoux si je peux durer. 
Oui ! Si je reviens sauf à la maison,
Je t’épouserai, Françoise Nové !»
(chanson populaire du pays de Vannes)

photo : Marianne Kerguiduff
La fontaine Saint Jean du Réchou à Plounérin
La fontaine, située dans un domaine appartenant aux templiers,  remonte au XIVème siècle. Comme toutes les fontaines dédiées à Saint Jean du Temple, la fontaine du Réchou était réputée soigner les yeux et les rhumatismes.
Elle est maintenant sur le passage du chemin de l'enfer : un chemin toujours humide et boueux par où les détrousseurs de diligences s’échappaient pour semer leurs poursuivants. Ils rejoignaient les zones humides qui se trouvaient à l’emplacement de l’étang actuel qui a été construit en 1906. Ceux qui essayaient de rattraper les détrousseurs s’embourbaient dans le chemin !

photo : Gilbert Cloâtre
Le chien noir de Plounérin
On raconte qu'autrefois, dans les chemins creux de Bretagne, près des voies antiques, sur des montagnes délaissées, au Méné-bré ou à Castennec, site de l'ancienne Sulim, là où se pratiquaient d'anciens rites païens, où se dressaient des gardes romaines, près des marais de Brennilis ou du Mont-Saint-Michel, à la nuit tombée, il n'était pas rare de rencontrer un sinistre chien noir de taille peu ordinaire et aux yeux flamboyants.
Cette bête hideuse tenue fermement en laisse par un homme courageux ou un prêtre qui allait la noyer au Youdig, dans les montagnes d'Arrée, était rarement bienveillante. C'était en réalité un démon dans lequel s'incarnaient les âmes damnées, celles des personnes mauvaises, des morts malfaisants qui tourmentent sans repos les vivants et qu'il a fallu conjurer.
Seul un prêtre "habile, déterminé et sûr de sa science" (A. Le Braz) parvenait à vaincre le fantôme, le rendre docile et à le faire entrer dans le corps du chien noir...
(source : https://abp.bzh/)

photo : Marianne Kerguiduff
La chapelle Saint Trémeur à Guerlesquin 
La légende dit qu’aux premiers temps une vieille sorcière pour affirmer son territoire voulut l’entourer d’un mur. Il lui fut accordé toute une nuit, jusqu’au matin au chant du coq. Elle oeuvra si bien qu’elle construisit le mur et partit à Menez Meur pour chercher la Grande Pierre qui devait lui servir de porte. Elle portait sa pierre quand, arrivée à Kerellou, elle entendit le chant du coq. De colère, elle jeta violemment sa pierre qui pénétra le sol. Ainsi, le menhir de Menez Meur fut érigé...
La Christianisation s’est ici comme dans bien d’autres lieux développée par la superposition d’un culte chrétien sur un site cultuel païen.

Longtemps en ruine, la chapelle fut reconstruite en 1997. Dans le fond d'un vallon, elle rassemble tous les charmes de nos chapelles bretonnes. On ne passe pas à Saint Trémeur. Il faut y venir, c’est un but en soi !

photo : Jean-François Bars
Le calvaire de Gurunhuel
J'ai vu les calvaires marcher sur les talus, voler au ciel avec leurs anges et leurs saints, processionner par les brandes de l'automne dans une troménie joyeuse et minérale.
(Xavier Grall).

Le calvaire est une croix avec Jésus crucifié et de part et d’autres de Lui, le bon et le mauvais larron, comme au Golgotha.
La colonne du milieu porte le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean, sur une face, une Vierge de Pitié, au revers.
La croix de gauche porte le bon larron, Dysmas, dont l'âme, figurée par un petit personnage sortant de sa bouche, est recueillie par un ange. Sur l'autre se meurt le mauvais larron, Gestas, dont l'âme est empoignée par un
démon aux allures d'animal préhistorique.